Cela faisait déjà quelques minutes que je me trouvais au bord de la rivière. Regardant l’eau s’écouler lentement, je me demandais si un jour j’aurais la possibilité d’être aussi paisible. Je ne l’avais plus été depuis longtemps. Mes longues nuits faites d’un sommeil troublé me tuaient, mes journées vides de sens m’achevaient. Je vivais comme une ombre, un pantin sans fil qui cherche à retrouver son maître afin que les fils le liant reprennent vie l’aidant à avancer dans ce monde de fou. Tirant sur ma clope, je l’écrasais sans quitter la rivière des yeux. J’aimais être isolé, j’aimais être loin du monde et me sentir libre. Libre comme l’est un loup solitaire, un loup sans meute. Soupirant, je passais une main dans mes cheveux en pensant. J’étais incapable de mettre ma fichue caboche en mode off, incapable d’empêcher mes souvenirs de me submerger, incapable de lutter contre la vie qui va qui vient et qui surtout s’en va. Me levant, j’attrapais une pierre avant de la lancer dans l’eau, sans même forcer elle atteignit une distance plus que respectable. Cette différence, ma force supérieure à celle d’un humain, mes réflexes bien trop aiguisés, ma vitesse bien trop grande, tant de choses qui me fermaient les portes de la normalité. Pourtant, j’aurais tout donné pour être normal, tout donné pour avoir une vie ennuyante à mourir, tout donné pour avoir Arianna encore à mes côtés.

Retirant d’abord mon t-shirt, je m’assurais qu’il n’y avait personne dans les parages, j’enlevais ensuite mes chaussures, puis mon pantalon avant de finalement me dénuder complétement et plonger à l’eau. Malgré le soleil qui brillait dans un ciel sans nuage, l’eau était presque glacé, tant et si bien que je ressortais vivement ma tête de l’eau. Me laissant quelques instants flotter, je plongeais une nouvelle fois tout en fermant les yeux. Quand je les rouvrais, mon soyeux pelage se mouvait au gré du courant alors que j’agitais mes pattes frénétiquement pour nager presque correctement. Sortant mon museau hors de l’eau, j’inspirais une grande bouffée d’air frais avant de repartir sous l’eau. Bien sur, ça n’était pas courant pour un loup de nager, mais se baigner oui. L’eau ne m’effrayait pas et perdu au milieu de cette rivière bien plus puissante que moi je me sentais terriblement petit. Terriblement impuissant et enfin libre. Libre du fardeau qui pesait en permanence sur mes épaules, libre comme l’est un être humain n’ayant pas à subir le point d’une différence trop grande pour lui. Battant encore des pattes, cette fois-ci lorsque je sortis mon museau de l’eau je remarquais une nouvelle fragrance portée par le vent. Sans difficulté, je reconnaissais le parfum de cette jeune femme que j’avais fait tomber en cherchant à me cacher. Apercevant sa silhouette au loin, je plongeais une nouvelle fois pour retrouver forme humaine. C’est gêné que je nageais vers la rive, avant de me remettre sur mes jambes. Gardant de l’eau jusqu’à mon bassin, c’est un peu mal à l’aise et gêné que je hélais la jeune femme : « Hey ! Excuse-moi, tu pourrais me lancer mes affaires ? » Certes, ça n’était pas la première fois qu’elle me voyait nu comme un ver, mais ça n’était pas une raison pour prendre l’habitude de me retrouver toujours à poil devant elle.

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J’étais un peu agacé de voir ma baignade écourtée. Moi qui espérais pouvoir me détendre et pouvoir un peu m’éloigner de cette ville bruyante et constamment en effervescence qu’était Philadelphie, voilà que même éloigné du monde il y avait toujours quelque chose pour me déranger. « Tes affaires ? » La regardant pointer du doigt le petit tas d’habits au sol, j’hochais la tête en attendant tranquillement qu’elle me les lance histoire que je puisse me rhabiller. Je n’étais pas du genre exhibitionniste, même si je n’étais nullement gêné lorsqu’il s’agissait de mon corps. « J'ai quoi en échange si je fais ça ? » Ecarquillant les yeux, je haussais les épaules avant de lâcher un : « Tu n’es pas sérieuse ? » La jeune femme ne répondit rien et se retourna avant d’aller s’installer un peu plus loin prenant soin de poser mes affaires à côté d’elle. La fixant sans rien faire, j’étais terriblement frustré de voir la rousse se jouer ainsi de moi et j’attendais impatient qu’elle revienne me rendre mes habits. « Je vais peut-être manger avant ! En tout cas je vois que tu as toujours un torse parfait ! » Un sourire amusé étira mes lèvres l’espace d’un instant suite à sa remarque, mais ce dernier s’effaça bien vite.

Toujours bloqué dans la rivière, je la vis sortir son hamburger et se mettre à manger sous mes yeux. Le comble de la provocation. « C'est tellement bon ! » Mettant mes mains en coupe, je mouillais un peu mon visage avant de passer ma main dans mes cheveux et sortir de l’eau. Nu comme un verre, je me dirigeais vers la jeune femme sans aucune honte avant de ramasser mes affaires en la regardant dans les yeux et soufflant : « Merci pour ton aide, elle m’a été précieuse. » Encore mouillé j’enfilais mon pantalon, avant de m’asseoir à côté de la belle. « J’étais ici le premier, je reste. » Posant mon regard sur la rivière, c’est par habitude que mes mains cherchèrent à s’occuper. J’attrapais une pierre sur le sol et me mettait à jouer avec sans quitter des yeux l’horizon et la rivière devant moi. Habituellement j’avais du mal avec les présences, être en compagnie me perturbait toujours, ça me mettait mal à l’aise, mais là c’était différent. Faisant passer la pierre que je tenais d’une main à l’autre, c’est sans poser un regard sur la jeune femme que je lâchais d’un air très sérieux, peut-être trop : « Je devrais te jeter dans l’eau pour me venger, mais j’ai peur de ruiner les effets de ton rendez-vous chez le coiffeur. » Relevant les yeux, je m’arrêtais de jouer en me rendant compte de ce que je venais dire. J’avais senti l’odeur du shampoing, j’avais remarqué la différence dans sa coupe de cheveux par rapport à la dernière fois, mais est-ce que les gens normaux remarquaient ça. Tentant de sourire, je me retrouvais à grimacer bêtement comme un idiot. Les relations sociales et moi ça faisait deux.

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Je n’avais aucune gêne à cause de ma nudité, surtout que la jeune femme m’avait déjà vu une première fois nu. Cependant, je notais au passage, son regard qui glissa d’abord sur moi avant de se reposer sur son hamburger. « Je suis heureuse d'avoir pu aider ! » Grimaçant légèrement face à tant d’ironie, je me rhabillais avant de m’asseoir à côté de la belle en annonçant que je restais. Sans trop réfléchir, je lui expliquais même comment j’aurais dû me venger, en faisant un peu de trop malheureusement. « Tu as genre des yeux à la style spider-man ou quoi ? Aucun mec serait capable de voir le petit changement j'ai fait et toi... tu voues un culte à mes cheveux pour voir la mini différence ou quoi ? » Sans lui offrir une quelconque réponse, j’haussais les épaules faussement blasé, comme si elle venait de me sortir un tas d’ineptie. Non, je n’aurais pas dû le remarquer l’infime changement qu’il y avait eu dans sa coupe de cheveux, je n’aurais même pas du remarquer l’odeur du shampoing, mais c’était le cas et je ne comptais certainement pas avouer pourquoi. « Je n'ai pas l'habitude de juger, mais... Tu es vraiment étrange, enfin ne le prend pas mal hein ! Mais tu passes ton temps à poil, tu vois des choses qu'aucun pauvre type pourrait voir ! » La fixant, je ne m’étais pas vexer, je ne l’avais pas pris mal, mais je n’aimais pas, à vrai dire je détestais être jugé. Mais manies, mon caractère solitaire, beaucoup trop solitaire, les mystères qui semblaient peser sur moi, tant de chose qui rendait les jugements des gens m’entouraient toujours particulièrement mauvais. Prenant une des frites du paquet que Jamal venait de mettre entre nous deux, je l’avalais avant de dire : « C’est gentil de me comparer à n’importe quel pauvre type que tu as déjà rencontré. J’apprécie sincèrement la délicatesse. » Lançant la pierre avec laquelle j’étais en train de jouer, je fixais la rivière quelques instants avant de reprendre à nouveau une frite. « De toute façon tu n'aurais jamais réussi à me mettre dans l'eau ! Et en plus de ça j'aurais été trempée de la tête au pied, puis j'aurais été malade, alors j'aurais été désagréable et j'aurais passé certainement une semaine dans mon lit à m'ennuyer, imagine cinq secondes l'horreur que j'aurais vécu ! » Tournant ma tête vers la jeune femme, je me permettais de la regardé amusé. Elle devait avoir énormément confiance en elle-même pour se dire que je n’aurais pas réussi à la mettre à l’eau, ou, plutôt, elle ne se doutait pas du genre de gars que j’étais. « Tu penses sincèrement que je serais incapable de te mettre à l’eau ? » Me remettant sur mes jambes en un bon, je l’attrapais vite, peut-être trop rapidement, avant de la serrer contre mon torse. Essuyant sans mal ses tentatives désespérées de me faire lâcher prise, je restais tout à fait calme et serein tout en avançant lentement vers la rivière en disant : « Je ne te laissera pas trempée. Je suis peut-être étrange comme tu dis, mais je suis pas un pauvre type. Si t’es mouille je te passe mon t-shirt. Par contre, pour ta semaine à t’ennuyer, je te conseil de regarder des films pour passer le temps. »

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Je n’étais pas le gars le plus sociable qui existait, j’étais même loin de l’être. Tant et si bien que je faisais souvent de petites erreurs, comme mon père me le répétait il y a longtemps, je tenais plus du loup que de l’humain. Toujours en vadrouille, toujours seul, toujours à chercher la liberté, toujours prêt à courir comme si ça pouvait me libérer. « Oh mon pauvre petit je t'ai pas vexé j'espère ? Mais il faut bien l'avouer qu'il y a des idiots en tout genre, tu ne peux pas nier ça ! » Un léger sourire aux lèvres, j’hochais la tête. En effet, je ne pouvais qu’être d’accord avec Jamal sur ce coup.
La belle eu alors la folie de croire que je serais incapable de la mettre à l’eau. Fort de lui prouver son erreur, je l’attrapais en un rien de temps n’essuyant que peu de résistance. Tout en parlant, j’avançais vers la rivière pas peu fière de lui mettre un peu la pression. Un léger sourire satisfait aux lèvres, je la laissais me fusiller du regard comme si je n’en avais rien à faire. « De toute façon niveau étrangeté je suis beaucoup plus étrange que toi aux yeux de tout le monde, si on devait nous comparer, je gagnerais très facilement, enfin je ne vais pas m'étendre sur ce sujet ! » Fronçant les sourcils, je me demandais de quoi elle pouvait bien parler. Je ne l’avais croiser qu’une fois avant aujourd’hui et je n’avais pas d’énorme connaissance lorsqu’il s’agissait de commérages. Je me demandais vraiment de quoi elle pouvait bien parler. Serait-elle, elle aussi, différente ? Ca ne pouvait être un vampire, je l’aurais senti et si elle avait été une louve, je l’aurais remarqué aussi. Bien que les paroles de Jamal avaient été innocentes, je me creusais la tête sans raison pour en comprendre le fond. « Je ne veux pas paraître difficile, mais... Avec ton t-shirt j'aurais moins de classe qu'avec mon haut ! » Riant un instant, je ne m’arrêtais pas de marcher pour autant. La rivière était juste à quelques pas et je sentais que les tentatives de la jeune femme visant à me faire changer d’avis allait se faire plus désespérée. « Tu n’avais qu’à me donner mes vêtements quand je te l’ai demandé, on en serait pas là si tu l’avais fait. » Un léger sourire aux lèvres, je sentis mes pieds nu rencontrer l’eau froide malgré le soleil qui tapait durement. Avançant bien que je mouillais mon jean, je l’écoutais d’une oreille attentive. « Des films ? Tu crois vraiment que je regarde des films durant toute une journée ? Du style où on voit une pauvre fille pleurer pour un pauvre type ou encore cette niaiserie du nom de Twilight que j'aurais plutôt nommé bisounours vampire ! » Le sourire fantomatique qui se trouvait sur mes lèvres en disait tellement, sans qu’on ne puisse le comprendre. La belle ne se doutait pas à quel point elle pouvait avoir raison. Les films n’étaient que des œuvres de fictions, les rêves refoulés de scénaristes trop vieux pour essayer de vivre leurs rêves. Les vampires ne sont pas gentils, les loups non plus, la limité du bien et du mal est tellement plus floue que ce qu’on veut bien faire croire. « On pourrait négocier non pour que tu ne me jettes pas dans l'eau ? Je suis prête à t'offrir le reste de mon coca et mon muffin ! » La belle toujours dans mes bras, bien callée contre mon torse, j’avais de l’eau jusqu’à ma taille désormais. Mon pantalon complètement trempé je m’arrêtais pour la fixer quelques instants : « Tu penses sincèrement pouvoir y échapper ? » Faisant mine de la lâcher une première fois, je me délectais de l’expression qui apparut sur son visage alors que ses doigts s’agrippaient à ma peau. Riant, je me retournais finalement pour revenir sur la rive. J’étais complétement trempé, mais ça valait bien la réaction de Jamal lorsqu’elle a cru que j’allais la lâcher. « Je ne veux pas du coca, mais je veux bien la moitié du muffin. » Une fois au sec, je redéposais la belle sur le sol, la libérant ainsi de l’emprise de mes bras. Courant comme un gosse jusqu’au petit coin où elle s’était installé, je m’asseyais avant de chiper le muffin : « Ne croit pas que j’ai céder à cause de ta vaine tentative de négociation. Il faut bien plus qu’un muffin pour m’acheter. »

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« Tu n'avais qu'à pas te déshabiller entièrement ! » Grimaçant légèrement, je remarquais que ce point lui tenait pas mal à cœur. « Je n’avais peut-être pas envie de mouiller mon boxer. » Et bien c’était raté, car maintenant j’avais mon pantalon et mon boxer trempé. Enfin, l’effort était là, on pouvait le saluer. « Puis ce n'est pas comme si je n'avais jamais vu tous tes atouts ! » Passant ma langue sur ma lèvre inférieur, je mordillais légèrement ma lèvre ensuite me rappelant bien sûr de notre première rencontre. Si tout ce qu’elle en retenant c’était ma nudité, ça n’était pas plus mal. S’en suivit une négociation presque acharné de la part de Jamal, cette dernière ne voulait vraiment pas être mouillé. « NOOOOON ! » Son cri ajouté à ses doigts s’agrippant à ma peau m’amusèrent énormément. La belle les yeux clos semblait presque terrifiée à l’idée de tomber à l’eau. Pourtant je ne la lâchais pas et retournait même sur la rive avant de courir comme un gamin jusqu’au muffin. Jamal arriva un peu après moi s’installant à son tour alors que je gobais presque la moitié du muffin en une bouchée. « Genre ! Tu rigoles mon vieux, je t'ai dit que je te donnais un muffin et tu as changé d'avis hein ? Je suis certaine c'est le muffin qui t'a fait changer d'avis ! » Un sourire mystérieux aux lèvres j’haussais les épaules en la regardant dans les yeux. Détournant mon regard, je mangeais une dernière petite bouché du muffin avant de sentir un liquide plaquant et froid couler à la base de mon crâne avant de dégouliner le long de mes joues et ma nuque les glaçons à moitié fondu glissant encore jusqu’à mon torse. M’ébrouant comme un chien, je relevais directement mon regard vers jamais qui ne semblait même pas se cacher de son méfait. « Oups ! » Sans m’en rendre compte, je dévoilais mes babines en montrant les crocs comme si j’étais sous ma forme lupine avant de me reprendre espérant qu’elle n’ai rien vu. « Oh je sais pas comment cela a pu arriver, je buvais et boum... » Grimaçant légèrement, je lui lançais un regard entendu avant de dire : « Oh. Vraiment ? » « En tout cas c'est... très mignon le coca qui dégouline comme ça sur ton visage ! » Levant les yeux au ciel, je la regardais se lever avant d’en faire autant. Alors qu’elle se mettait à courir, je restais à ma place la regardant se débattre pour rien face à moi. « Ne te donnes pas cette peine, je t’attraperais de toute manière. » Me jetant à sa poursuite, je feignais d’avoir du mal à la rattraper un instant avant de lui prendre à chaque nouvelle foulée. Me retrouvant devant la belle, je m’arrêtais pour que celle-ci se cogne contre mon torse. Un large sourire aux lèvres je lui montrais le muffin avant de dire : « Je comptais partager, mais tu peux rêver maintenant. » En une bouchée j’avais avalé ce qu’il restait du muffin avant d’aller me rincer le visage à la rivière dégouté par le coca qui rendait ma peau plaquante.

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Au bord de l’eau en train de me rincer le visage, j’entendis clairement la jeune femme geindre comme une enfant : « Recrache ça tout de suite ! » Revenant vers la belle un large sourire aux lèvres, elle avait du se résoudre à la disparition de son muffin qui s’était révélé être très bon. Une fois que je pensais avoir assez passé d’eau sur mon visage et dans mes cheveux, je me redressais, laissant de l’eau dégouliner le long de mon cou et sur mon torse nu. Je me dirigeais alors vers Jamal qui me posait déjà une question : « Et sinon monsieur pas content qui vole un muffin entier au chocolat, il fait quoi dans la vie ? » M’asseyant à nouveau à côté de la jeune fois je lançais peu convaincu : « Pas grand-chose… » « Attends laisse moi deviner ! Tu es genre mannequin ? Ou alors hum... je suis certaine ça à un rapport avec le fait que tu sois toujours nu... Acteur pornographique ? Je suis certaine c'est ça ! Et tu cherches à te faire connaître partout et justement tu vas chercher à me vendre un film dans ce genre uniquement pour avoir de l'argent ! » Je passais une main sur mon visage me retenant de rire comme un fou. Elle était loin, mais vraiment loin du compte. Souriant, je me mordillais la lèvre amusé, la jeune femme était plutôt amusante, je devais bien l’avouer. « Tu es tombé sur moi deux fois dans des positions délicates et tu penses directement que je suis acteur porno. J’ai hâte d’entendre la suite, même si j’aimais bien l’idée d’être mannequin, c’était un beau compliment pour moi. » Etendant mes jambes, je posais mes mains dans mon dos ne souffrant nullement de la fraicheur de l’eau contre ma peau. Il faisait plutôt beau, pas trop chaud et puis j’étais plus occupé à détaillé la jeune femme à côté de moi. Elle s’était dite plus étrange que moi plus tôt et je me demandais vraiment ce que ça pouvait signifier. « Peut-être éleveur de fourmis sinon ? Je ne sais pas pourquoi je ne te vois pas avec un métier commun ! » Prenant la moue, j’hochais lentement la tête. Peut-être que je n’étais pas fait pour un métier commun, mais j’avais besoin d’argent pour boucler les fins de mois. Comme mon père avant moi, j’étais loin de rouler sur l’or, mais ça allait, même quand ça n’était pas le cas je faisais aller. « J’espère que garagiste n’est pas un métier trop commun. Sinon on peut dire que je suis un superhéro, ou bien un chasseur de tête. » Fourant ma main dans ma poche, je trouvais mon paquet de clope complètement trempé. Je l’avais oublié en chemin, c’est une clope à moitié mouillé que je sortais avant de la porter à ma bouche et l’allumer. « Et toi ? Je t’imagine bien artiste un peu bohème ou chasseuse de libellule même si tu dois te prendre souvent dans ton filet. »

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Je n’étais pas peu fier de mon métier, je n’avais pas fini le lycée, mais j’avais réussi à faire quelque chose de mes dix doigts. D’abord apprenti, j’avais finalement pu être engagé comme un garagiste à part entière dans un garage à Philadelphie, je ne roulais pas sur l’or, mais c’était déjà ça. « C'est plutôt bien, si jamais j'ai un problème avec ma voiture, je sais qui je vais appeler au renfort ! Mais superhéro ça t'irait plutôt bien aussi. » Amusé par tout ce que la belle me disait, j’étais bien incapable de le cacher. Être un superhéro, bien peu pour moi, j’étais loin d’en avoir l’étoffe. Tentant d’imaginer comme elle ce qui pourrait être son emploi, j’étais sur de me tromper, mais j’essayais plus pour le jeu que par réel envie de trouver. On avait tous notre part de mystère et le plus intéressant n’était pas de percer à jour les autres, mais de les laisser s’ouvrir à vous en gagnant leur confiance. « Artiste bohème ou chasseuse de libellule ? Tu pars loin aussi dis-donc et je suis certaine que je me débrouillerais bien avec un filet ! Pour tout te dire je n'ai aucun travail, je suis jugée comme inapte à travailler ! » Exhalant de la fumée, je fronçais légèrement les sourcils en me demandant bien pourquoi elle était jugée inapte à travailler. De ce que j’en savais et du peu de temps que j’avais passé avec elle, la jeune femme me semblait apte à faire à peu près n’importe quoi. « Ce que j'aime c'est le patinage, quand j'étais gamine, au lieu de passer mon temps avec une barbie ou à regarder les Bisounours, je préférais tourbillonner sur la glace, sauf que depuis trois ans j'ai pas remis un pied sur la glace. Enfin ma vie est peu intéressant ! » L’espace d’un instant, j’avais l’impression d’avoir un accès privilégié aux troubles de son âme, une lueur s’était brièvement allumée dans ses yeux avant de s’en aller aussi vite qu’elle était venue. La regardant jouer nerveusement avec une feuille, je me mettais à regarder le ciel avant de dire : « Si tu veux l’avis d’un presque inconnu nudiste, tu devrais réessayer. Trouver une patinoire et t’amuser comme avant. Rien ne justifie que tu te prive volontairement d’une chose qui te rende heureuse. La vie est déjà assez cruelle comme ça pour qu’on se fasse souffrir nous-même. » Portant ma clope à ma bouche, je penchais mon visage à nouveau vers Jamal pour rajouter : « Puis, cesses de torturer cette pauvre feuille, elle ne t’a rien fait. » Ma clope dans une main, je tendais l’autre vers la sienne pour qu’elle arrête un peu de la décortiquer. « Je ne sais pas ce qu’ils ont les médecins, mais je te trouve plutôt apte à faire n’importe quoi. »

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Je n’étais pas vraiment du genre à donner des conseils. Incapable de contrôler ma vie, ou du moins pas aussi bien que je le désirais, je n’aimais pas faire semblant de savoir là où j’étais totalement perdu. Il n’empêchait que je pensais sincèrement que se remettre au patinage serait une bonne chose pour Jamal. « Tu as raison, je devrais penser à m'y remettre, ça me changerait pas mal les idées en plus. Puis comme on dit ça ne s'oublie pas c'est comme le vélo ! » Un léger sourire éclaira mon visage alors que j’hochais la tête comme pour l’encourager. Je n’avais jamais été sur des patins à glace, je doutais même que je sois extrêmement doué pour ça. Enfin, si la jeune femme avait apprécié ça par le passé, même s’il lui faudrait un temps pour arriver correctement à en refaire, j’étais sûr qu’elle y arriverait. La poussant à arrêter de s’acharner sur la pauvre feuille hachée qu’il y avait entre ses mains je lui disais que je la trouvais apte à travailler. En effet, la rousse ne m’avait pas l’air folle ou perturbé et elle semblait même en parfaite santé. Je me demandais ce qui pouvait pousser les médecins à croire le contraire. « On est dans un lieu calme, sans la foule de gens, alors je parais normal, mais quand la nuit tombe ou que je suis au milieu de la foule, je commence à faire des choses étranges ! » Fronçant les sourcils, je passais ma main sur mon menton en la regardant. J’avais aussi du mal avec les foules, il m’arrivait souvent de me sentir oppresser, même perdu au milieu de la forêt. J’aimais la solitude, j’aimais même trop ça. « Enfin ne prend pas peur, même si je suis une sorte de déranger mentale, tu ne risques rien, je suis complètement inoffensive ! » La voyant se lever un peu trop vite, je me mettais sur mes pieds à mon tour en tentant d’arborer un sourire rassurant, bien que je n’étais pas très doué pour ça. « Je n’ai pas peur. On est tous bizarre à notre façon. » Certains plus que d’autres. « Je devrais y aller ! » Haussant les épaules, je ne comptais pas la retenir si elle voulait s’en aller. Jetant mon mégot au sol, je passais ma main dans mes cheveux presque sec : « Rien ne sert de t'enfuir, enfin tu fais ce que tu veux...Si tu t’es remises au patinage d’ici notre prochaine rencontre fortuite, je t’offrirai un muffin. »

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« Un seul ? Je pensais plutôt à trois ou quatre moi ! » Sa réponse m’arracha un sourire. J’avais réussi, en tout cas, à la détendre, si bien qu’elle n’avait plus l’air de vouloir fuir à l’instant. J’hochais la tête comme toute réponse, qu’elle en mange un ou quatre, ça ne faisait pas de grande différence pour moi, j’en mangeais tout autant. La fixant en m’attendant à ce qu’elle parte, je la regardais me demandant ce qu’elle attendait. Jamal restait immobile et on était tous deux debout à se fixer dans le blanc des yeux comme deux idiots. « Puisse que tu n'es pas un pauvre type qui juge les gens, je crois que je vais rester encore un peu ! Sait-on jamais ça peut être intéressant de rester, au cas où que l'envie te prenait subitement de te mettre à poil et de courir autour d'un arbre en chantant ! » Lui offrant un sourire amusait j’hochais la tête négativement. Non, ça n’était vraiment pas mon genre. Enfin, elle n’en savait rien, nous n’étions que deux inconnus en train de partager un peu de temps. Au lieu de rester chacun dans notre coin on s’était trouvé trompant ainsi nos solitudes respectives, même si arrivera toujours l’instant où l’on se quittera pour retrouver nos vieux démons. « Je ne peux rien te promettre, mais je vais essayer de ne pas me mettre à courir à poil autour d’un arbre en chantant. Surtout que je chante très mal. » Ce qui était vrai. Je n’avais aucun don pour ça, ou même pour une quelconque autre chose. Au lycée j’espérais obtenir une bourse sportive pour la seule bonne raison que ma force et ma vitesse étaient surhumaine m’offrant des facilités non négligeable. « Sincèrement je ne sais pas si tu as une petite-amie, mais... ça doit la déranger que tu fasses sans cesse le nudiste ? » Sans le vouloir, je me crispais, les muscles de ma mâchoire se contractaient et se décontractaient alors que j’essayais de ne pas montrer à quel point cette question me perturbait sans raison. Mes yeux étaient délavés tout d’un coup, lessivé comme s’ils s’étaient fait avoir par l’usure et la lassitude. Détournant ma tête, je fourrais une main dans ma poche encore humide avant de répondre absent tout en regardant la rivière : « Je suis célibataire… puis je ne me promène pas toujours nu comme un ver. » Reprenant contenance, c’est un sourire las que j’affichais à la jeune femme lorsque je reposais mon regard sur elle : « Et toi, si tu as un copain ça ne le dérange pas le malin plaisir que tu prends à te jouer des gens, en les laissant par exemple nu dans une rivière ? »

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Il était si simple pour moi de m’amuser avec Jamal. Je ne me sentais ni gauche, ni stupide. J’avais beau dire des conneries phénoménales, ça semblait l’amuser aussi. « Mince moi qui t'imaginais en super chanteur ! » Son rire était communicatif et si je n’avais pas été aussi réservé, j’aurais partagé ses éclats de rire avec plaisir. Au lieu de quoi je la fixais en souriant légèrement. Bien qu’un peu touché par sa question au sujet d’une possible petite amie, je tentais de garder pieds en lui relançant la balle avec une autre question. Une fois encore la belle se mit à rire légèrement avant de me répondre : « Il n'est pas du genre chiant, en faites je suis certaine que si je lui disais que je couche avec des autres mecs, il me dirait rien... On a une relation du genre : on ne s'aime pas, on est ensemble juste pour le fun ! » Fronçant les sourcils je cherchais à comprendre un peu le but de tout cela. Je n’avais eu qu’une histoire de cœur, une histoire s’étant terminée prématurément, je n’étais pas du genre à me retrouver dans un lit différent tous les soirs, loin de là. Alors, peut-être que j’étais vieux jeu, mais j’étais incapable de concevoir le genre de relation qu’elle entretenait avec son copain. « Ça peut paraître un peu désespéré de se mettre en couple sans avoir un seul sentiment... Mais il faut l'avouer j'étais en quelque sorte désespérée, j'étais presque prête à me mettre en couple avec un ours peluche ! » Ce fut à mon tour de rire en imaginant la chose. « C’est vrai que c’est mignon, puis si tu l’ennuies il ne pourra pas se plaindre et quand tu veux pas le voir tu l’enfermes dans une armoire. » Bon, ça c’était sans compter les inconvénients plus qu’évidents d’un couple pareil. « Ça pourrait faire un assez beau mariage ! » Faisant la moue, je hochais la tête négativement pour montrer ma désapprobation : « Tu finirais par t’ennuyer. Imagine, des journées entière passées avec ton amoureux en peluche sans qu’il ne réponde à aucune de tes questions. Ça doit plutôt être horrible. » Je me baissais pour attraper mon t-shirt afin d’occuper mes mains, une sale manie dont je n’arrivais pas à me faire quitte. « Tout ça pour dire qu’un petit ami en peluche ou de convenance n’est pas une solution. » Je ne savais pas ce qui me prenait à lui donner des conseils ou même mon avis. C’était bizarre, à croire que devant la jeune femme j’avais assez de consistance pour défendre mon point de vue alors que devant des dizaines ou centaines de personnes j’avais l’impression d’être désespérément invisible.

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Je jouais les donneurs de leçon, pourtant ça n’était pas moi. J’étais bien mal placé pour lui donner de quelconques conseils, moi le gars qui broyait du noir en quasi permanence. Celui qui avait tué sa copine et n’avait pas su sauver sa mère. Un loup incapable de trouver une meute, incapable de s’imaginer vivre dans n’importe quelle communauté. « Effectivement ! Mais même s'il m'arrive d'aimer d'être seule, je ressens ce besoin de me dire que je ne suis pas seule, que je ne risque pas de finir ma vie complètement seule dans mon lit. » Finir seul, ça ne me terrifiait pas le moins du monde, perdre les personnes à qui je m’attachait me semblait bien plus terrifiant. C’était pourquoi être sociable, faire partie d’un groupe ou prendre des bains de foules me répugnait tant. J’étais incapable au-dessus de cette peur qui peu à peu s’était presque mue en obsession. « Et j'ai préféré éviter les trucs comme meetic et toute la compagnie, il y a que des dingues là-bas, qui n'ont qu'une chose en tête : avoir une fille dans leur lit. » Un léger sourire aux lèvres, je ne l’imaginais vraiment pas sur un site de rencontre dans ce genre-là. Puis elle avait raison, des gens bizarres trainaient là-dessus, le monde n’était plus à la recherche de l’amour, mais à celle de la meilleure manière d’avoir quelqu’un pour réchauffer son lit. « Oui, c’est pas sur ce genre de site qu’on peut trouver l’amour à mon avis, on y trouve plutôt des problèmes. » Enfin, fallait-il encore que je puisse croire en l’amour pour penser ce que je venais de dire. « Je devrais peut-être retourner à Venise à la recherche d'un petit célibataire romantique » L’écoutant rire, je m’amusais de voir à quel vitesse, et sans sembler y toucher, elle pouvait me donner des informations sur elle. J’apprenais à la connaître avec facilité et ça semblait tellement naturel et normal, tellement bien que je n’avais pas envie de la voir partir tout de suite. « Commence d’abord par chercher au pied de chez toi avant de t’imaginer flânant dans l’une des villes les plus romantiques du monde. Devant qui est-ce que je me retrouverais malencontreusement nu si tu pars ? Devant un vieux pervers peut-être, ça serait horrible. » Ca fut à mon tour de rigoler légèrement avant de me mordre la lèvre inférieur pour me reprendre. « Tu parles de retourner à Venise, tu es donc italienne ? »

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La quête de l’amour s’est détériorée avec le temps, à notre époque il suffit de cliquer sur un lien pour obtenir des informations sur quelqu’un. Plus besoin de creuser des heures durant autour d’un café entrecoupé de quelques rires, on regarde des photos, on envoi des mails et on couche. C’est bien loin de l’amour rêvé et galvaudé que le passé promettait. « Oui après je serais obligée de changer d'identité, me teindre les cheveux, tout ça pour fuir des pauvres types ! » Jamal m’amusait vraiment et je l’imaginais mal se teindre les cheveux au vu du soin qu’elle apportait à ceux-ci. Enfin, je tirais des conclusions de ce que j’avais vu aujourd’hui, dans le fond j’avançais à tâtons en cherchant à la comprendre. « Je devrais peut-être voir d'un peu plus prêt mes voisins d'ailleurs, mais je crois que c'est des vieux... Mon pauvre, un méchant monsieur tout moche tenterait de te faire des horribles choses... Bien que tu devrais te méfier, j'ai déjà violé plusieurs mecs ! » Riant un peu comme la belle, je fis une moue triste en portant mes mains à mon cœur en répondant : « Tu n’oserais pas .. ? Puis, je ne suis pas n’importe quel mec et même si tu avais des renforts, je suis sur que tu serais incapable de me forcer à quoique ce soit. » Ajoutais-je un air de défi dans le regard. Peu importait le nombre, lorsqu’il s’agissait d’humains, d’êtres humains sans pouvoirs il était simple de les neutraliser. N’y pensant plus, je l’interrogeais sur ses origines. A vrai dire, je ne m’étais jamais posé la question, me disant que la jeune femme, malgré son nom plutôt inhabituel, devait être américaine. Pourtant, elle hocha positivement la tête avant de rajouter un délicieux accent italien s’échappant de ses lèvres : « Sì italiana » Je ne pouvais pas me vanter d’être irlandais, je ne possédais pas l’accent du coin et n’avait vécu là-bas pas plus de quelque mois. Ca m’arrivait parfois de me demander ce que ça faisait d’avoir une vraie maison, un chez soi. Pour le coup, je me demandais surtout si ça lui manquait, là-bas. « De toute façon je pense que je suis mieux ici, j'ai cette impression de me sentir plus en sécurité et pourtant il n'y a absolument rien de plus ! » La fixant en souriant légèrement, je cachais plutôt bien le véritable cours de mes pensées. Ici, ailleurs, à l’autre bout du monde, peu importait l’endroit, être en sécurité ne signifiait rien. Ca n’avait jamais rien signifié, même si les humains ne s’en doutaient pas. « Pas besoin d’un plus pour se sentir bien quelque part. Parfois, dans des endroits on se sent mieux que nulle part ailleurs. Pour une fois je parle en connaissance de cause, j’ai passé ma vie à changer de ville et de pays. » Et ça n’était pas un mensonge, bien qu’il y avait des plus, des personnes qui pouvaient rendre des endroits tellement plus accueillant.

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J’avais eu la possibilité de remarquer que le caractère de Jamal était plutôt fort. La jeune femme ne devait pas être du genre à demander de l’aide, ou en tout cas je l’imaginais mal le faire. « Je déteste avoir recourt à de l'aide de toute façon et je suis certaine que je pourrais facilement te forcer, j'ai déjà bien forcé un mec à m'acheter une robe Chanel, alors forcer un mec à coucher avec moi c'est pas compliqué non plus ! » Amusé par ce qu’elle disait, j’imaginais assez bien à quel point il devait être aisée pour elle de « forcer » un garçon à coucher avec elle. « Je ne pense pas que tu doives forcer un gars pour coucher avec toi. Dans un sens, c’est encore plus facile que pour la robe Chanel, mais je me répète, je ne suis pas n’importe quel gars. » Et même si on en riait comme ça, dans le fond, je n’en riais pas vraiment. Je n’étais, en effet, pas n’importe quel gars obsédé, ou plutôt je l’étais, obsédé, mais par mes souvenirs, pas par l’envie de coucher avec le plus de filles possibles. La discussion se poursuivant, on en arrivait à parler de voyages. Chose que je connaissais sur le bout des doigts à force de déménagement et de fuite à travers presque tous les pays du monde. Après la fuite de l’ancienne meute de mes parents, mon père et moi avions été forcé de fuir à cause des bavures qu’il m’arrivait de causer. Une fois qu’une affaire s’ébruitait trop, on faisait nos bagages et on déménageait. Tout au plus, on restait un an ou deux, mais arrivait toujours un temps où il nous fallait partir et laisser tous nos souvenirs derrière nous. « Tiens, tiens monsieur a beaucoup voyagé ? J'aurais toujours aimé découvrir plusieurs villes, découvrir des autres cultures, mais en attendant je me contente de wikipédia et google ! » Je la regardais amusé, wikipédia et google étaient vraiment loin d’un vrai voyage. Certes, on faisait avec ce qu’on avait, mais pour le coup c’était très loin de refléter la réalité. « On dit que le voyage forge la jeunesse, mais à force de voyager aussi étonnant que ça soit, on commence à vouloir se poser quelque part. » Ce que j’avais fais ici, même si j’aurais aimé que les choses se passent différemment. « Et tu es à Philadelphia depuis longtemps ? » Hochant positivement la tête, je réfléchissais aux années que j’avais passé dans cette ville. J’étais resté plus longtemps dans cet endroit que je ne l’avais jamais fait précédemment. « Un peu plus de trois ans à peu près. Je me souviens être arrivé ici et avoir obtenu un petit job d’apprenti dans un garage. Je ne m’étais même pas rendu compte que ça faisait si longtemps. » Passant une main sur mon visage, je prenais conscience à quel point j’avais pu rester longtemps ici. Je me souvenais de la mort d’Arianna quand j’avais dix sept ans, mon désir de partir et mon père réfrénant mes ardeurs pendant presque un an avant que je ne m’établisse dans un coin pas trop peuplé un temps, finissant par m’échouer ici. « Mais bon, à la base je viens d’un village perdu d’Irlande, même si je ne m’en souviens pas du tout. »